Un article de Yves Rammer, extrait du BRYC Magazine 195
Histoire :
Le 13 juin 1998 disparaissait à 67 ans un grand Monsieur de la Voile (Nantes 1931, Mer d’Irlande 1998).
Pseudonymes : « Pépé » pour les intimes, « Le Sphynx » pour les mystiques.
Nommé membre d’honneur du BRYC, lors d’une visite mémorable (disent les anciens) au Club en 1964. La salle de cours porte son nom depuis 1999 (expo de photos dans l'auditorium ). |
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Je propose de partager avec vous quelques documents de référence : les biographies publiées par l’Association Eric Tabarly et la Cité de la Voile, ainsi qu’une très belle interview de Patrick Tabarly dans le Paris-Match du 20 mai 2018. Un article du Soir du 15 juin 1998 viendra compléter cet article par quelques anecdotes comme celle-ci relatée par Olivier de Kersauson : « Tabarly était un génie maritime, comme il en existe un par siècle ».
Ses débuts
Eric Tabarly est né à Nantes en juillet 1931, il navigue avec son père Guy dès la petite enfance, mais sa véritable passion débute un jour de 1938 où Eric et ses parents découvrent un bateau qu’ils veulent acquérir. Eric arpente le pont de ce plan Fife (architecte écossais) de 15 mètres qui a été conçu en 1898, ce yacht est à l’abandon dans un bras mort de la Loire, les frères Lebec veulent vendre ce bateau qui coûte si cher en entretien. Eric du haut de ses sept ans adopte Pen Duick (mésange à tête noire en breton) dans une relation qui sera l’œuvre d’une vie : au fil des chantiers et des courses victorieuses une double légende est née : un marin hors du commun et une lignée de bateau qui feront rêver les français.
Eric va naviguer à bord de Pen Duick en famille avec ses parents et sa sœur cadette durant deux étés, avant que la guerre éclate et conduise Pen Duick dans une vasière de Bénodet. Il sera sauvé du démantèlement par son marin qui prétendra que la quille est en fonte face aux besoins de plomb des autorités. Mais durant la guerre le côtre va souffrir du manque d’entretien et c’est un bateau abîmé qui sera remis à flot dès 1947. Eric à 16 ans quand son père évoque la possibilité de vendre ce bateau dont l’entretien est problématique, Eric est révolté à l’idée de se séparer de ce trésor. En 1952, après que plusieurs acheteurs aient été découragés par Eric, le sort est jeté Guy Tabarly offre le bateau à son fils.
En 1952, il s'engage dans la Marine nationale dans le but de financer la restauration du voilier familial Pen Duick. Il est pilote dans l'Aéronautique navale et vole sur Stampe_SV4 pour ses débuts puis sur des Beech 18 et Avro_Lancaster de la Patrouille Maritime. Il est basé à Saint-Mandrier-sur-Mer et Agadir (Maroc). Il effectue environ 1000 heures de vol au total, en particulier au cours de la guerre d'Indochine. Il est détaché à temps plein par la marine nationale avec le grade capitaine de corvette, pour courir les mers.
A l’Ecole Navale, le profil d'Eric est problématique, peu enclin aux études, il n'est sauvé que par sa passion de la Mer. Eric devient enseigne de vaisseau. Affecté à Cherbourg, Eric va décider de traverser la manche pour aller se frotter aux marins anglais. Les épreuves de références : le Fastnet, La Channel Race, Cowes Dinard sont dans la mire d'Eric pour qui le fait de courir sur un bateau conçu il y'a 60 ans n'est pas un obstacle insurmontable. Mais les défis sont toujours à venir et Eric pense déjà à cette épreuve qui se prépare : une transatlantique en solitaire qui aura lieu en 1964.
Ses grandes victoires
Dans une discipline récente qu’est la course au large dans les années 60, Tabarly est rapidement une référence incontournable. En 1964, ce jeune officier de marine bat les Anglais lors de la Transat Anglaise, traversée de l’Atlantique en solitaire, et devient une icône nationale. Douze ans plus tard, il gagne à nouveau, mais dans des conditions inouïes qu’un scénariste n’aurait pas pu inventer : à la barre de Pen Duick VI, pourtant prévu pour un équipage de 14 personnes et malgré des conditions météo dantesques, il est à nouveau le premier à couper la ligne. Entre temps, il y aura eu le grand Chelem de Pen Duick III en 1967 (7 victoires en autant de courses), la victoire sur Pen Duick V dans la Transpacifique en solitaire de 1969 avec 10 jours d’avance sur les concurrents, puis suivront le record de l’Atlantique nord en 1980 sur Paul Ricard et la Transat Jacques Vabre de 1997 avec Yves Parlier, pour ne citer que les plus connues.
Pas ingénieur, mais ingénieux
En plus d’être un marin de grand talent, Éric Tabarly fait preuve durant toute sa carrière d’une ingéniosité architecturale peu commune. Mises en pratiques sur ses bateaux successifs, ces innovations lui permettent de disposer de voiliers très compétitifs. Avec Pen Duick II d’abord, il allège considérablement sa coque en utilisant du contreplaqué marine ; la goélette Pen Duick III suit le même chemin avec une coque construite avec un alliage d’aluminium, sa quille profilée lui confère un hydrodynamisme jamais vu jusqu’alors, tout en étant très toilée grâce, notamment, à sa misaine sur wishbone. Pen Duick IV est le premier véritable grand trimaran de course au large et innove plus encore avec ses mâts tournants ; l’architecture de Pen Duick V va elle aussi faire école : carène planante, ballasts, quille profonde et profilée, tous les ingrédients que l’on retrouve 20 ans plus tard sur les bateaux du Vendée Globe. Pen Duick VI va lui aussi apporter son lot d’innovations, par exemple la chaussette à spi, elle aussi reprise par la suite sur d’autres bateaux. Enfin, les foils du Paul Ricard inspireront l’architecture de l’Hydroptère pour lui permettre de voler au-dessus de l’eau.
L’interview de Patrick Tabarly, le frère d’Eric
En battant les Anglais sur la Transat, il a rendu à la France la passion de la mer. Il ne cherchait jamais à savoir qui avait commis une erreur. Ni à punir ou humilier.
Il menait tous ses bateaux pied au plancher... Prenant aussi des risques, à frôler des cailloux. On a “talonné” plus d’une fois. En apercevant “Pen Duick”, les marins plaisantaient : « Les crabes ont intérêt à mettre leur casque ! » Ce qui intéressait Eric : être sur le pont à dépenser son incroyable force.
Comment était-il avec ses équipiers ? En course, comme un meneur qui monte au front, la fleur au fusil, sans cesse à l’attaque. Il n’était pas pédagogue, à expliquer le pourquoi de ses faits et gestes. Pour apprendre, tout le monde devait l’observer. Si nous cafouillions lors d’une manœuvre compliquée, il nous rejoignait sur le pont. Il sauvait la situation, puis retournait à la barre. Il ne cherchait jamais à savoir qui avait commis une erreur. Ni à punir ou humilier. On l’entendait juste pousser sa gueulante : « Vraiment, c’est un con qui a fait ça ! » Son coup de rage passait aussitôt.
Récompensait-il un succès par un compliment ? Un sourire, plutôt. Il savait aussi se détendre. Il aimait chanter, rire, et trouvait Kersauson très drôle. Si on amenait Eric sur un sujet qui lui plaisait, c’était un conteur formidable, intarissable. Il savait tout sur l’histoire de la voile, les bateaux, la marine marchande. Une véritable encyclopédie. Il pouvait aussi se taire, ça ne le gênait pas du tout.
En cas de pépin, pas un cil ne bougeait. C’était la faute à pas de chance… Le seul problème, sur ces gros engins, c’est qu’il ne fallait pas avoir le pied trop lourd avec les matériaux de l’époque ! Eric disait : « Ah ! Si on peut plus naviguer comme on l’entend ! » C’était un peu la même chose, avec les premiers foils installés sur « Paul Ricard ». Le principe avait été testé sur un petit dériveur. Eric a vu plus grand, les ingénieurs ont suivi. Là encore, on a eu quelques pépins. Sa réaction : « Ces cons de techniciens, ils se sont encore trompés dans leurs calculs ! » Quant aux instruments modernes de navigation, il ne voulait pas s’ennuyer avec. C’est vrai qu’au début, ça n’était pas simple de s’en servir. Les premiers GPS, énormes, les tablettes, crayons optiques, ordis et autres simulateurs de route… En plus, il supportait mal l’odeur du papier thermique ! Eric, c’était la navigation à l’estime, au sextant, à la dure. Comme les anciens. Et foncer.
Les grandes dates
- 1964: 1er de l'Ostar (Transat anglaise en solitaire) à la barre de Pen Duick II.
- 1967: 1er , à la barre de Pen Duick III, de la Morgan Cup, de la Gotland Race, de la Channel Race, du Fastnet, de Plymouth - La Rochelle et de Sydney - Hobart.
- 1968: échec dans l'Ostar avec le trimaran Pen Duick IV.
- 1969: 1er de la Transpac San Francisco - Tokyo avec Pen Duick III.
- 1971: 1er de Falmouth - Gibraltar avec Pen Duick III.
- 1972: 1er de Los Angeles - Tahiti sur Pen Duick III.
- 1974: deux démâtages de Pen Duick VI dans la Whitbread.
- 1975: 1er du Triangle Atlantique sur Pen Duick VI.
- 1976: 1er de l'Ostar sur Pen Duick VI.
- 1979: 2ème de la Transat en double Lorient - les Bermudes - Lorient aux côtés de Marc Pajot sur le trimaran Paul Ricard.
- 1980: record de l'Atlantique sur Paul Ricard en 10 jours, 5 heures, 14 minutes 20 secondes.
- 1984: 3ème de la Transat en solitaire sur le Trimaran Paul Ricard.
- 1986: abandon dans la Route du Rhum sur Côte d'Or.
- 1987: 2ème dans la Transat Lorient - Saint-Pierre-et-Miquelon - Lorient sur Côte d'Or.
- 1997: 1er du Fastnet sur Aquitaine Innovations; 1er de la Transat en double Le Havre - Carthagène avec Yves Parlier.
D’où vient le nom « Pen Duick » ?
Ce nom signifie en breton « tête(pen) noire(du) petite(ik)», sobriquet donné aux mésanges noires. Parfois devenu « petite mésange à tête noire ». Nom latin : « poecile atricapillus », espèce de passereaux ; c’est la plus commune des mésanges d’Amérique du Nord. |
Petite mésange à tête noire |
Tous les « Pen Duick »
Nom |
Date |
Architecte |
Chantier |
Matériaux |
Type |
DEP(t) |
LHT(m) |
LFL(m) |
BM(m) |
TE(m) |
SV(m²) |
Pen Duick |
1898, 1958, 1989 |
W.Fife III |
Gridiron (IR) |
Bois Résine |
Cotre franc aurique |
11,0 |
15,10 |
10,05 |
2,93 |
2,20 |
160 |
Pen Duick II |
1964 |
G.Costantini |
Costantini |
Contreplaqué |
Ketch Marconi |
6,5 |
13,60 |
10,00 |
3,40 |
2,20 |
60 |
Pen Duick III |
1967 |
E.Tabarly |
La Périèrre |
Duralinox |
Goélette à guibre |
13,5 |
17,45 |
13,00 |
4,21 |
2,75 |
152 |
Pen Duick IV |
1968 |
A.Allègre |
La Périèrre |
Duralinox |
Ketch Trimaran |
8,0 |
20,80 |
19,50 |
10,70 |
0,80 2,40 |
107 |
Pen Duick V |
1969 |
B.Duvergie |
La Périèrre |
Duralinox |
Sloop à ballast |
3,2 |
10,67 |
9,15 |
3,50 |
2,30 |
63 |
Pen Duick VI |
1973 |
A.Mauric |
Arsenal de Brest |
Duralinox |
Ketch Bulbe en U |
32,0 |
22,25 |
18,80 |
3,40 |
3,40 |
260 |
Paul Ricard |
1979 1980 |
X.Joubert |
CMN Cherbourg |
Duralinox |
Trimaran à foils |
8,0 |
16,50 |
13,90 |
17,0 |
1,80 |
144 |
DEP= déplacement, LHT=longueur hors tout, LFL=longueur à la flottaison, BM=baux maximum, TE=tirant d’eau, SV=surface de voilure au près.
L’amoureux de Pen Duick S’il y a un bateau auquel Éric Tabarly était attaché, c’est bien Pen Duick. Ce cotre aurique de 1898 construit en Irlande a une histoire pourtant mouvementée tant il a failli disparaître à plusieurs reprises. Durant les années de guerre, sa quille en plomb doit être réquisitionnée par les Allemands, mais le matelot en charge du bateau leur expliquera que celle-ci est en fonte et le sauvera de la démolition. Quelques années plus tard, c’est le père d’Éric qui décide de vendre cette même quille en plomb. Il ne faudra que la ténacité de son fils pour que Pen Duick lui soit finalement cédé en 1952. Pour le rénover, Éric Tabarly utilise de la fibre de verre, moulée sur la vieille coque, et lui donne ainsi une deuxième jeunesse. A l’issue de sa carrière sportive, Éric Tabarly entreprend entre 1983 et 1989 la rénovation complète du bateau de son enfance qui devient celui de ses vieux jours. |
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Le Pen Duick II Eric conçoit avec les frères Constantini un voilier qui aura la même longueur à la flottaison que Pen Duick pour une longueur de 13 mètres 60 hors tout, l'utilisation du contre-plaqué pour la coque permet à ce nouveau bateau de peser deux fois moins lourd que Pen Duick. Autre choix, celui du gréement en ketch, plus facile à manier par un homme seul. A son arrivée à Plymouth Eric est l'objet de tous les regards : les adversaires jugent ce bateau bien léger pour affronter les caprices de l'Atlantique nord, de plus la surface de voilure leur semble extrême à manœuvrer pour un solitaire. Eric franchit la ligne en vainqueur deux jours et vingt heures avant Sir Francis Chichester |
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Le Pen Duick III Pen Duick III nécessite par son gréement original une parfaite cohésion de l'équipage, Eric décide de préparer l'Admiral's Cup dont il dispute la sélection pour l’équipe de France à St Malo. La Channel Race gagnée, c'est dans le Fastnet que la légende s'écrit à nouveau quand Eric et ses équipiers devancent des adversaires longs de 27 mètres en temps réel et en temps compensé. Pen Duick III va courir Sydney Hobart et gagner une course mythique aux antipodes. |
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Le Pen Duick IV Fort de son succès en 64, Eric veut marquer les esprits et engager un bateau révolutionnaire en 1968. Dans la période troublée de Mai 68, Eric tente peaufiner sa préparation mais le temps lui manque pour être fin prêt le 1er juin pour le départ de Plymouth. Le sort va priver Eric de compétition. Eric s'engage dans la course après avoir marqué les esprits en parcourant 150 milles en 9 heures soient 17 nœuds de moyenne. Le Breton sera contraint d'abandonner la course après un abordage d'un cargo et une avarie de pilote irréparable. Pen Duick IV gagnera bien la Transat mais en 1972 aux mains d'Alain Colas. |
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Le Pen Duick V Nouvelle course, nouveau bateau, Eric demande aux architectes Michel Bigoin et Duvergié de dessiner un bateau de 35 pieds pour s'engager dans la course reliant San Francisco au Japon. Pen Duick V est un concentré de technologie avec son redan longitudinal qui augmente la stabilité, ses ballasts de 500 litres, qui économisent du lest, sa quille équipée d'un trimmer ou son ingénieux tambour enrouleur de foc. Eric va remporter la transpacifique en 39 jours et 15 heures, à la surprise du comité de course qui ne l'attendait pas si tôt. |
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Le Pen Duick VI Afin de s'engager dans la course autour du monde en équipage Eric conçoit avec André Mauric un grand Ketch de 22, 25m tout en aluminium. Pen Duick VI sera à l'image de Pen Duick III une aventure d'hommes : Patrick Tabarly, Olivier de Kersauson, Marc Pajot, seront de l'aventure. Mais la course autour du monde verra deux démâtages annihiler les espoirs de victoire d'Eric. Alors qu’il dispute le Triangle de l’Atlantique (St Malo-Capetown-Rio-St Malo) Eric annonce, à la surprise générale, que n’ayant pas de bateau à sa disposition il va courir la Transat en solitaire 1976 sur son Pen Duick VI. Cette transat sera un véritable enfer : 5 dépressions vont s’abattre sur la flotte. Eric mène son gigantesque bateau aux travers de ces conditions dantesques, et sort vainqueur dans la nuit de Newport. Pen Duick VI va accueillir à son bord des dizaines d'équipiers connus ou inconnus. |
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Le Pen Duick VII, ou plutôt le « Paul Ricard »
Deux rencontres vont permettre la construction de son nouveau jouet : un ingénieur de chez Dassault Aviation et surtout un mécène, Paul Ricard. Une maquette à l’échelle 1/3 sera construite avec l’aide du département du Génie Civil de La Rochelle. Avec une coque centrale de 6,9 m réalisée à partir d’un flotteur de Tornado, Eric dépasse 15 nœuds avec 12 nœuds de vent.
L’aventure va durer cinq ans, avec des succès et des déboires. La course démarre sans avoir eu le temps de mettre au point l’engin « volant » : la transat en double en mai 1979. Paul Ricard termine deuxième à 5 minutes derrière VSD.
En 1980, le bateau sera transformé (nouvelle étrave, nouveaux flotteurs, abandon du mât profilé et tournant). Marc Pajot remplace Eric (blessé à ski !) pour la transat en solitaire, arrive 5ème non-classé. Quelques mois plus tard, le record de la traversée de l’Atlantique, détenu depuis 1905 par Charlie Barr (célèbre skipper ayant gagné les 3 premières Coupes de l’America), est battu de près de 4 jours, soit un record de traversée en 10 jours !
La première victoire en course n’arrive qu’en 1984 dans la régate Québec-Saint-Malo, mais avec un bateau encore une fois rénové (une toute nouvelle coque centrale). En 1986, le bateau est reconstruit et devient « Côte d’Or II ». Durant la Route du Rhum, l’avant du flotteur bâbord se brise ; Eric est récupéré par Pen Duick VI et le bateau sera abandonné, puis retrouvé et remorqué jusqu’à Brest.
Une fin tragique
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En juin 1998, Eric se rend à Fairlie en Écosse avec quelques amis avec Pen Duick à un rassemblement de voiliers dessinés par l’architecte William Fife. Dans la nuit du 12 au 13 juin, le vent forcit après avoir doublé Land’s End. Le cap est Nord, la position est à 40 miles au sud-ouest de Milford Haven. La voilure et réduite progressivement à deux ris pour la grand-voile ; toutes les voiles supérieures ont déjà été amenées. Eric décide d’amener la grand-voile et de gréer la voile tempête. Il est 22h30 ; lors de la manœuvre, la corne heurte Eric dans un coup de roulis et le projette à la mer sur bâbord. La bouée fer à cheval est larguée immédiatement. Sous foc et trinquette seuls, le bateau est difficilement manœuvrable ; l’équipage affale les dernières voiles et repart vers le Sud au moteur.
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Les secours sont appelés par VHF sur le canal 16 et des fusées lancées, mais sans réponse des Coast Guards. Les recherches se poursuivent pendant que les batteries de la VHF faiblissent. Au petit matin, un navire de commerce et un autre voilier sont croisés, permettant ainsi d’appeler les secours. Les recherches sont vaines. Le corps d’Eric sera retrouvé un mois plus tard par un chalutier de Loctudy.
Paul Ricard – « le bateau qui rêvait de voler »
Remerciements
Votre serviteur a eu la chance de naviguer en École-croisière sur Pen Duick III en 1975 et 1976 avec Marc Linski, qui avait inventé le concept de « Guide de Mer » et de la voile accessible à tous. C’était un dur de dur qui avait fait l’Algérie, puis navigué un bout de chemin avec Eric, mais un pédagogue hors pair. Nous avons appris à faire une droite de hauteur et une méridienne en deux jours (certes avec les tables HO !), deux oranges et un marqueur noir, et tout cela serrés dans le cockpit étroit. Le soir au coin du feu, Marc nous racontait quelques anecdotes, dont une : « un homme qui tombe à la mer, n’a pas sa place à bord ».
Un peu de lecture….
Le dernier livre « Éternel Tabarly » a été écrit par Daniel Gilles et Jacqueline Tabarly, publié aux Editions du Chêne en 2018. Je vous recommande aussi le « Guide pratique de manœuvre », illustré superbement par Titouan Lamazou ; une nouvelle édition en a été publiée en 2017 chez Voiles-Gallimard.
Et une dernière pour la route … du rhum !
Amitiés nautiques. Yves Rammer pour le BRYC Magazine 195 parcourir tous les BRYC MAGazines
Références : Périodiques : Le Figaro, Le Soir, Paris-Match, Nautisme, Voiles et moteurs, Bateaux. Sites : Association Eric Tabarly, Cité de la voile, Wikipédia. Livres : voir les couvertures ci-dessus. Les légendes sous les photos sont empruntées à Daniel Gilles © 2018. |
Quelque part sur la rivière Odet.
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